
Il y a dans chaque discipline un certain nombre de « classiques » qu’il faut avoir lus. Je vous propose donc une série d’articles pour découvrir les « classiques » en histoire et, comme premier ouvrage, je voulais vous présenter L’histoire commence à Sumer de Samuel Noah Kramer.
L’auteur
Samuel Kramer (1897-1990) est un des grands assyriologues du 20e siècle. Il a, tout au long de sa vie, édité et traduit de nombreux textes sumériens. Ce livre, qui peut être considéré comme le premier ouvrage de sumérologie destiné au grand public, est là pour nous faire découvrir ces textes.
La redécouverte de Sumer
Sumer est actuellement la plus ancienne civilisation ayant produit des textes écrits que nous connaissions, d’où le nom du livre, puisque l’histoire commence avec l’écriture.
Cette civilisation avait pourtant complètement disparu des mémoires jusqu’à sa redécouverte au 19e siècle. Des campagnes de fouilles archéologiques menées en Mésopotamie, l’Irak actuel, ont permis de découvrir de nombreuses tablettes avec des inscriptions dans une langue inconnue. Les premiers savants pensaient avoir affaire à une langue sémitique, toutefois il a progressivement fallu se rendre à l’évidence, il s’agissait bien d’une langue non-sémitique et donc d’une civilisation encore inconnue.
En effet, les Sumériens fleurirent en Mésopotamie durant le troisième millénaire avant Jésus-Christ, avant d’être progressivement supplantés par les Akkadiens, qui eux étaient sémites.
Le contenu du livre
Les conditions climatiques étant particulièrement favorables, de nombreuses tablettes ont été conservées, ce qui nous permet d’entrer en contact avec les différents aspects de cette civilisation : la littérature et la mythologie bien sûr, mais aussi l’administration, la médecine, etc.
Dans leurs domaines respectifs ces textes sont souvent les plus anciens que nous connaissons actuellement. Le but de ce livre est donc de nous mettre, au fil des chapitres, directement en contact avec ces textes. Ainsi, nous pouvons découvrir la journée d’un écolier sumérien, les premiers cas de délinquance juvénile, un débat parlementaire, des traités de médecine, d’agriculture ou d’horticulture, mais aussi une décision de justice, qui a probablement fait jurisprudence, les fragments d’un code de loi et même des catalogues de bibliothèque.
Sumer et la Bible
Mais la civilisation sumérienne est aussi intéressante car elle fournit de nombreux éléments permettant de mieux comprendre le contexte historique de la Bible. Il y a en effet plusieurs récits sumériens très proches des textes bibliques. Ainsi, nous pouvons par exemple, découvrir un « Noé » ou un « Job » sumérien.
J’ai déjà eu l’occasion de parler de l’épopée de Gilgamesh et je présenterai plus en détails certains de ces textes dans de prochains articles.
Se procurer le livre
Ce livre a été ré-édité tout récemment avec une préface de Dominique Charpin, qui est actuellement professeur au Collège de France.