
Le terme de « dialogue interreligieux » est source de beaucoup de confusion. Et pour cause, derrière cette expression se cache au moins deux réalités distinctes qu’il faut bien différencier.
Ces deux types de dialogue interreligieux se distinguent principalement par leur objectif. Le premier type de dialogue vise à mieux connaître l’autre, tandis que le second a pour but la recherche de la vérité. Je les présenterai successivement, avant de donner mon avis sur la question.
Deux types de dialogue interreligieux
Le premier type de dialogue interreligieux, que je qualifie de sociabilité, repose avant tout sur la rencontre de « l’autre ». Le but est de détruire les préjugés qui peuvent exister et apprendre à mieux connaître les personnes ayant des convictions différentes des nôtres pour créer du lien social. L’objectif final étant de permettre à des personnes de convictions différentes de vivre ensemble dans une même société. Cette démarche est en réalité le complément social indispensable à la laïcité.
Certains chrétiens se méfient de ce type de dialogue interreligieux à cause des risques, supposés ou réels, de syncrétisme et de relativisme. Le syncrétisme désigne le mélange des religions. De ce que j’ai pu voir, au moins en Occident, c’est assez peu probable. Le dialogue interreligieux ne vise pas à mélanger les religions pour créer une religion unique. Au contraire, on insiste beaucoup sur la diversité. Le danger du relativisme est lui en revanche beaucoup plus réel. Selon cette philosophie, toutes les croyances se valent et il n’y a pas vraiment une vérité unique. Dans ce cas, le dialogue de sociabilité devient une fin en soi et remplace l’annonce de l’Evangile.
Le deuxième type de dialogue, que je qualifie d’apologétique, consiste au contraire à discuter des points de désaccord afin de chercher la vérité. Ce type de dialogue est souvent rejeté par les personnes relativistes qui s’investissent dans le premier type de dialogue. Pour elles, chacun doit s’enraciner dans ses propres convictions et la diversité d’opinions religieuses est perçue comme une richesse. Par conséquent, croire qu’il existe une vérité unique et essayer de convaincre d’autres personnes d’adhérer à cette vérité est très mal vu.
Point de vue personnel
En tant que chrétien, je pense que ces deux types de dialogue, loin de s’opposer, sont au contraire complémentaires.
Jésus nous invite, dans la mesure du possible, à vivre en paix avec tout le monde. Il est donc important de connaître notre prochain, même lorsqu’il ne pense pas comme nous. Par ailleurs, le fait d’être en désaccord avec une personne ne doit pas nous conduire à dire tout et n’importe quoi sur elle. La foi chrétienne exige la vérité. En ce sens, il est indispensable de lutter contre les préjugés.
Toutefois, cette attitude d’ouverture à l’autre ne doit pas nous conduire à un quelconque relativisme et remplacer l’annonce de l’Evangile. Jésus a bien dit qu’Il était « Le Chemin, La Vérité et La Vie ». Chercher la vérité est un devoir pour tout chrétien, et je dirai même pour tout être humain. D’où l’importance du second type de dialogue.
Conclusion
Lorsque l’on parle de dialogue interreligieux, il est donc important de bien préciser à quel type de dialogue on se réfère.
Personnellement, j’ai eu l’occasion de participer au premier type de dialogue interreligieux, le dialogue de sociabilité, lors de mon service civique. C’est pour moi un complément indispensable à la laïcité.
Toutefois, en tant que chrétien, je pense qu’il est aussi important de s’investir dans le second type de dialogue, le dialogue apologétique, afin de rendre compte de l’espérance qui est en nous (1 Pi 3 : 15).